15 años en Barcelona (Part I)
Cette semaine, je fête mes quinze ans de vie à Barcelone ! J’avais déjà publié un article de ce genre quand j’ai célébré ma première décennie dans la capitale catalane et ça m’avait fichu un petit choc, ce cap des dix ans. Que dire du cap des quinze maintenant ?!...
Pour commencer, il me semble que le post des dix ans l’exprimait déjà assez bien : peu importe le nombre d’années, je crois qu’on ressent toujours une pointe de nostalgie de son pays d’origine, surtout des personnes qu’on y connaît. On rate forcément des moments importants dans la vie des autres, et inversement. Certaines relations ne survivent pas à la distance et s’étiolent.
Mais le plus difficile, c’est de surmonter un vague sentiment de culpabilité ! Je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir coupable d’être partie, et j’avais inconsciemment l’impression que puisque c’était mon choix, c’était donc toujours à moi de faire des efforts pour prendre des nouvelles, pour rentrer en France, pour être disponible, pour organiser mon temps en fonction des autres, prendre sur mes jours de vacances et mon budget pour faire des allers-retours, etc. C’est difficile de s’en rendre compte ; c’est encore plus difficile d’admettre que parfois, le mieux à faire est d’accepter de laisser faire les choses naturellement.
También significa reforzar los vínculos con algunas personas, ¡o incluso volver a encontrarlas! Personas de tu país de origen que siempre están ahí o que reaparecen después de un tiempo. No vienen a Barcelona a menudo, quizá sólo hayan venido una o dos veces en quince años; tampoco nos llamamos necesariamente cada quince días. Pero están allí. A distancia, sí; pero a sólo una llamada o un intercambio de WhatsApp en el momento adecuado. Y los intercambios se reanudan, ¡como si sólo hubiera pasado un mes!
Ça signifie aussi renforcer les liens avec certaines personnes, voire les retrouver ! Des personnes de son pays d’origine qui sont toujours là ou qui réapparaissent après un temps. Elles ne viennent pas forcément souvent à Barcelone, peut-être qu’elles ne sont même venues qu’une ou deux fois en quinze ans ; on ne s’appelle pas nécessairement tous les quinze jours non plus. Mais elles sont là. A distance, oui ; mais à un petit coup de fil ou à un échange de WhatsApp juste au bon moment. Et les échanges reprennent, comme s’il s’était passé un mois seulement !
Mi familia más cercana ha integrado completamente el hecho de que mi vida esté en Barcelona, ¡y no pierden la oportunidad de venir! Debo decir que estos momentos son bastante mágicos para mí, incluso después de quince años. Está claro que estas visitas no tienen ninguna intención turística. Son visitas para venir a verme, para pasar tiempo conmigo. Y mi reto, que se renueva constantemente, ¡es intentar que mi madre y mi hermano descubran restaurantes que aún no conocen!
Ma famille la plus proche a complètement intégré le fait que ma vie est à Barcelone, et ne rate d’ailleurs pas une occasion de venir ! Ces moments sont assez magiques pour moi, je dois dire, même au bout de quinze ans. Il est clair que ces visites n’ont aucune intention touristique. Ce sont des visites pour venir me voir, pour passer du temps avec moi. Et mon défi, sans cesse renouvelé, est de faire découvrir à ma maman et à mon frère des restos qu’ils ne connaissent pas encore !
Y, por supuesto, ¿cómo no mencionar a la gente de mi país de residencia? A lxs que me refería como "la segunda familia" en mi anterior post. Aunque la distancia entre Barcelona y París es más psicológica que física (¡sólo una hora y media de vuelo!), en el extranjero se produce un fenómeno bastante curioso: la caja de resonancia. Y esto es bastante difícil de entender para lxs que nunca han vivido en el extranjero. No importa lo lejos que estés realmente: es como si estuvieras experimentando todo dos veces y, en cierto modo, sintiéndote doblemente impotente...
Et, bien sûr, comment ne pas mentionner les personnes de mon pays de résidence ? Celles auxquelles je me référais comme « la deuxième famille » dans mon post précédent. Même si la distance entre Barcelone et Paris est plus psychologique que physique (1h30 de vol seulement !), il se passe un phénomène assez curieux, quand on est à l’étranger : celui de la caisse de résonance. Et c’est assez difficile à faire comprendre à celles et ceux qui n’ont jamais vécu à l’étranger. Peu importe la distance réelle : c’est comme si on vivait tout en double, et, en quelque sorte, en se sentant parfois doublement impuissant…
El mejor ejemplo reciente es, obviamente, la pandemia: he estado constantemente preocupada por la situación tanto en España como en Francia. Las decisiones tomadas a toda prisa, la tristeza o el enfado, los confinamientos, los desconfinamientos, los “reconfinamientos”: lo he seguido todo en dos países a la vez. Y aquí es donde la "segunda familia", la de Barcelona, juega un papel tan importante. Lxs extranjerxs que viven en Barcelona, por supuesto, porque ellxs también están pasando por esto. No hay nadie que pueda entender esta caja de resonancia mejor que ellxs. Pero también la gente "de aquí", de Barcelona, de Cataluña, de España. Lxs que crean vínculos con extranjerxs, y que, por tanto, entienden por procuración las angustias, las dudas, la soledad que sentimos.
Le meilleur exemple récent est évidemment la pandémie : j’ai cumulé une
double préoccupation constante quant à la situation en Espagne et en France. Les décisions prises à la hâte, la tristesse ou la colère, les confinements, les déconfinements, les reconfinements : j’ai
tout suivi dans deux pays en même temps. Et c’est là que la « deuxième
famille », la famille barcelonaise, joue un rôle prépondérant. Les étranger·e·s
qui vivent à Barcelone, bien sûr, parce qu’elles aussi, eux aussi vivent ça. Il
n’y a personne qui puisse mieux comprendre cette caisse de résonance qu’elles
et eux ! Mais aussi les gens « d’ici », de Barcelone, de
Catalogne, d’Espagne. Celles et ceux qui se lient avec des étranger·e·s, et qui
du coup, comprennent par procuration les angoisses, les tiraillements, la
solitude qu’on ressent.
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